Artiste discret, T’ang Haywen est désormais considéré comme une figure majeure de la création contemporaine et de la modernité chinoise.

Une exposition exceptionnelle qui dévoile l’immense talent d’un grand artiste chinois, contemporain de Zao Wou-Ki

Sans titre, 1988, encre sur papier Arches, MA 13252 © T’ang Haywen Archives © T’ang Haywen / ADAGP, Paris, 2024

Arrivé à Paris en 1948, officiellement pour y suivre des études de médecine, T’ang Haywen ne quittera plus la France. Il découvre un pays où la création est en pleine effervescence. Comme d’autres artistes étrangers, il s’y confronte à la modernité occidentale et, à l’image des premiers artistes chinois venus à Paris pour se former, dont Zao Wou-Ki (1920-2013) ou Chu Teh-Chun (1920-2014), il devient une des figures marquantes de ce foyer bouillonnant de vie artistique qu’est alors Montparnasse.

Sans titre, 1965, aquarelle, gouache et encre sur carton
Kyro, MA 13413 © GrandPalaisRmn (musée Guimet, Paris) / Thierry Ollivier © T’ang Haywen / ADAGP, Paris, 2024

Formé à la peinture occidentale, ses carnets de dessin révèlent qu’il visite régulièrement les musées parisiens, dont le musée Guimet, et qu’il s’inspire de la ville dans des paysages urbains croqués rapidement au stylo à bille. Lettré moderne, insatiable curieux des arts et cultures de l’Occident, il trouve à Paris sa vocation de peintre. Formé à la calligraphie et intéressé par la philosophie taoïste, il y vit libre des contraintes matérielles ou sociales. Il écrit à son frère en 1958 : « J’ai trouvé ma vocation dans la peinture… je ne pensais pas que cela puisse plaire à nos parents… c’est une affaire très grave, où il ne peut être question, honnêtement, de chercher la réussite pour elle-même… La réussite doit, pour être véritable, être tout à fait sincère. Une fois qu’un peintre s’est trouvé, alors il peut travailler pour les autres, il le doit, mais il ne peut pas le faire avant… Je ne pourrai ni ne veux abandonner cette vocation. »

Sans titre, 1955-1960, gouache sur papier Annonay, MA 13349 © GrandPalaisRmn (musée Guimet, Paris) / Thierry Ollivier © T’ang Haywen / ADAGP, Paris, 2024

Artiste discret, T’ang Haywen s’affirme pourtant progressivement comme une figure majeure de la création contemporaine et de la modernité chinoise. Il expose de son vivant dans de nombreuses galeries d’art en France et à l’étranger, ainsi qu’au Centre Pompidou en 1989. Il bénéficie à partir de la fin des années 1990 d’une reconnaissance internationale.
S’il était un grand voyageur, il fit de la France sa terre d’élection, et de l’art occidental une puissante source d’inspiration, tout en restant profondément chinois ; une dualité qui l’habita pendant toute sa vie d’artiste. Initié à la calligraphie par son grand-père au Vietnam, sa peinture s’impose comme un vibrant trait d’union entre la tradition asiatique de l’encre monochrome pure et l’influence occidentale de la couleur éclatante, entre figuration et abstraction, ou plutôt la « non-figuration » comme il préférait la décrire.

Carte de vœux, 1955-1960, encre sur papier, MA 13395 © T’ang Haywen Archives © T’ang Haywen / ADAGP, Paris, 2024

Ses premières années à Paris sont illustrées par quelques études à l’aquarelle et à la gouache, influencées par la peinture des grands maîtres tels que Paul Cézanne, Henri Matisse ou Paul Klee. Son style propre s’affirme dans ses paysages abstraits et calligraphiques des années 1960, entre couleurs vives et monochromes. La période à partir du début des années 1970 jusque vers 1983-84 est évoquée par des peintures à la gouache ou à l’encre, polychromes ou monochromes. Les années 1970 voient s’épanouir son format de prédilection, le diptyque.
Des formats plus importants, présentés dans l’exposition, permettent à T’ang Haywen de donner à voir des paysages abstraits à l’encre monochrome, tandis que les petit formats, papiers pliés, diptyques et triptyques des années 1980-1985 montrent une pleine maîtrise de son geste et de son pinceau.

Portrait de T’ang Haywen au printemps 1991, photographie de Yonfan © Avec l’aimable autorisation de T’ang Haywen Archives

L’exposition présente une large sélection de l’exceptionnelle affectation au musée Guimet de 202 œuvres et environ 400 pièces d’archives personnelles, effectuée par la Direction nationale d’interventions domaniales en 2022. Les œuvres remises à Guimet faisaient l’objet d’un trafic d’œuvres d’art : saisies par l’État, elles ont été sélectionnées en lien avec les équipes du musée. Elles retrouvent aujourd’hui la lumière et permettent d’évoquer la destinée unique de T’ang Haywen, artiste moderne singulier de l’après-guerre.

Musée national des arts asiatiques – Guimet
6, place d’Iéna 75116 Paris
Métro : Iéna (ligne 9) ou Boissière (ligne 6)
SITE : www.guimet.fr
Tarif unique collections permanentes et expositions temporaires
13 € (plein), 10 € (réduit)

Alain Philippe Baudry Knops

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