L’école de stylisme La Cambre a présenté son défilé les 8 et 9 juin, à Bruxelles. J’ai demandé à Antoine de nous présenter, à sa façon, ce qu’il a vécu en tant que mannequin lors de ces deux soirées.
De l’autre côté du catwalk…
A la manière d’Alice chez Lewis Carroll, c’est bien de l’autre côté du miroir que je vous invite à passer aujourd’hui, d’un miroir qui donna à voir le temps de deux soirées le prélude de ce que sera peut-être la mode de demain. C’est à l’occasion du fashion show annuel de La Cambre, que je me suis glissé avec amusement dans la peau d’un mannequin et que je vous livre quelques-unes de mes impressions…
Si cela n’était pas si contradictoire avec les inconstances d’une météorologie capricieuse, je me risquerais à paraphraser le Grand Jacques en disant que vivre la mode à Bruxelles s’apparente trop souvent au sacerdoce d’un chercheur d’or qui s’échinerait, au fil des saisons, à la recherche de « perles de pluie venues de pays où il ne pleut pas ». Et cela, en dépit de la présence en Belgique de l’Académie royale des Beaux-arts d’Anvers et de La Cambre, deux écoles dont les sections stylisme jouissent d’une réputation internationale. En dépit également de stylistes belges qui en font tout autant. Vous comprendrez donc que dans une ville qui attend impatiemment l’inauguration de son centre de la mode et du design en 2015, ce défilé est une véritable consolation et un réel plaisir.
Le privilège du mannequin par rapport au spectateur est sans nul doute le fait qu’il puisse, dans l’excitation d’une expérience qui s’élabore, contempler à loisir les créations durant les heures passées en backstage.
Adoptant une démarche profondément artistique, les étudiants expérimentent et cherchent à dompter le volume, à dominer les matières, à comprendre la couleur, à maîtriser par la coupe, ou encore à sublimer par la musique ou la chorégraphie avec un professionnalisme dont on se délecte.
Les collections présentées se suivent et ne se ressemblent pas, chacune étant imprégnée d’un univers et d’une esthétique qui lui est propre. Ainsi, les créations hommes imaginées par les troisièmes années se déclinent sur des inspirations aussi diverses que l’aléa, le façadisme ou l’architecture gothique.
Très vite, trop vite sans doute, le défilé s’achève par l’apothéose des cinquièmes années et un final qui célèbre l’issue d’une année bien remplie.
Voici déjà le deuxième soir, empreint de la décontraction des aventures finissantes et où l’appréhension a laissé place au plaisir. C’est enchanté que je quitte la soirée de clôture, perdu quelque part à la limite entre l’éveil et le sommeil, dans ces moments où les songes nous habitent déjà et où, pour quelques instants encore, Bruxelles semble n’être plus qu’à quelques encablures de Paris…