En ce jeudi 9 janvier 2015, date du début de la semaine de la mode masculine anglaise, Christopher Shannon décide de présenter une collection hivernale engagée avec humour et satire car, on le sait depuis ce triste 7 janvier 2015, la satire est devenue une arme sanglante. Le génie de ce jeune anglais pure souche élevé à l’école de la Central St Martins qui a débuté en 2008 se poursuit dans cette collection : la farouche envie de casser les traditionnels codes de la traditionnelle mode anglaise par un modernisme se basant sur diverses références reste présent tout au long de la collection. Et évidemment, en continuité de cet esprit revendicateur et rebelle, les mannequins défilent sur de la musique rock pour un ensemble énergique moderne qui coupe une nouvelle fois les antiques codes de la mode masculine anglaise.
La collection automne-hiver 2015 combine les habituels éléments sportwear avec des matières plus traditionnelles qui prouve, même si le créateur souhaite insuffler une ère nouvelle dans cette mode, son attachement à ses racines anglo-saxonnes avec le fameux tailoring anglais. Les tenues sont donc quelques fois classiques et revisité par des empiècements de couleurs et matières différentes. On découvre donc une chemise noire aux empiècements blancs et orange comme déposé grossièrement au velcro de-ci de-là sur cette première. Cette technique est reprise plusieurs fois tout au long de la collection notamment sur des jerseys. La collection est engagée avec humour et satire s’oppose clairement aux différents conflits socio-politique environnementaux actuels : la matière plastique est récurrente et se déploie sous différentes formes à l’image d’un blouson ceinturé à la taille par un large corset en matière élastique ou à l’instar du célèbre sac plastique des grandes surfaces que ces dernières essayent de supprimer depuis quelques années déjà que les mannequins portent sur la tête comme une cagoule pour un effet humoristique et satirique très prononcé. La société serait-elle aveuglée par ses questions d’environnements ? Ou justement, le créateur se moque-t-il doucement de la société de consommation qui souhaite un monde meilleur sans plastique mais continue d’en utiliser aveuglement ? Christopher Shannon continue son enquête en positionnant des corsets sur de larges doudounes pour un homme qui semble étouffer par cette matière élastique. On apprécie la reprise de ces mêmes sacs en logo sur des pulls où l’on peut lire « thanks 4 nothing » Christopher Shannon souligne alors ici une énième question : la société est-elle trop passible face à ces questions environnementales ? Le motif du sac plastique reprit tout du long est inspiré du travail photographique de Nigel Shafran. Certains jerseys sont remarquables par des motifs Picasso-esque comme scratché au velcro.
Les couleurs sont contrastées : du sombre pour représenter le gris de Londres en hiver et des couleurs plus chaudes pour le soleil d’été du sud de la France. On découvre donc noir, du blanc, du marine, du rouge, du cobalt, du orange et quelques jaunes pour rehausser l’ensemble.
Le créateur réitère sa collaboration avec Cat (Caterpillar) pour habiller les pieds de ses tenues pour continuer dans cet ensemble doucement rebelle. On apprécie grandement les écharpes sacs plastiques très tendance, les colliers plastiques tout aussi tendance et les pantalons à boutons pressions effet bandelettes pour un rendu portable en hiver glacial, ou non.
Christopher Shannon présente une collection haute en couleurs et engagée pour la défense environnementale de la planète. De façon humoristique et satirique, il relève quelques points dans un ensemble de détails et couleurs très fins. Il se positionne dans la lignée des créateurs modernes qui souhaitent se débarquer des autres créateurs anglais tout en restant accroché à ses traditions et à ses racines. On ne peut qu’admirer une nouvelle fois son travail acharné pour un rendu artistique non pas des moindres.
Chapeau bas l’artiste.